Première partie : présentation du navire
On quitte la terre ferme et l'aéronautique pour la mer et l'aéronavale, pour une visite d'un porte-avions historique, le CV-12, USS "Hornet"
Le "Hornet" est un porte-avions américain, de la classe "Essex", développé pendant le seconde Guerre Mondiale. Lancé en 1943, il aura une longue carrière qui l'emmènera sur tous les océans de la planète, en temps de paix comme en temps de guerre, qui se terminera en 1970. Devenu navire musée, il fait aujourd'hui la joie de milliers de visiteurs tous les ans à Alameda en Californie. C'est là que j'ai eu l'occasion de visiter ce navire chargé d'histoire pendant mon voyage à San Francisco l'été dernier.
Avant même que ne débute la seconde Guerre Mondiale, les États-Unis mettent au point une nouvelle classe de porte-avions, qui tire les enseignements des classes précédentes. Il existe déjà à cet époque là un USS Hornet (CV-8), celui qui emmena les B-25 de Jimmy Doolitle jusqu'au large du Japon pour leur raid historique. Ce navire de la classe "Lexington" sera coulé quelques mois plus tard, en octobre 1942 à la bataille de Santa-Cruz. Face à cet victoire japonaise, l'US Navy décide sur le champ de donner le nom Hornet à un nouveau navire en construction, ce sera le CV-12.
Profil des navires de la classe "Essex" |
Petit point sur les noms : aux Etats-Unis, les bâtiments de guerre portent le préfixe "USS" devant leurs noms, ce qui signifie "United States Ship" ou "Navire des Etats-Unis". Ce préfixe fait partie du nom (on devrait donc parler du "USS Hornet", mais on parle souvent simplement du "Hornet" par abus de langage). Ce nom n'est porté par le navire que lorsqu'il est en service actif, c'est-à-dire présent sur le "US Naval register", historiquement un parchemin sur lequel on avait noté le nom de toutes les coquilles de noix que possédaient les insurgés face aux britanniques…aujourd'hui le parchemin à disparu au profit d'une liste informatique, sur laquelle on trouve certains des plus gros navires de la planète.
Chaque navire possède un numéro de coque, qui dépend du type de navire. Les porte-avions portent le préfixe "CV" ou "Carrier Vessel", c'est-à-dire porte-avions ! On trouve parfois une troisième lettre qui varie suivant les époques (S pour Support, A pour Attack, N pour Nuclear etc…). Le numéro qui suit est un chiffre attribué par la Navy (du CV-1, USS Langley au CVN-79 futur USS John F. Kennedy, récemment commandé).
l'USS Hornet dans sa configuration d'origine |
La quille (c'est-à-dire la partie arrière la plus basse de la coque) est posée à Newport News (Virginie) le 3 Août 1942, en pleine guerre. La construction des navires se fait 24 heures sur 24 pour remplacer les nombreux navires perdus ou prêtés aux alliés. Le "Hornet" se présente comme un porte-avion typique de la classe "Essex" : un pont droit sur lequel on trouve trois ascenseurs (un à l'avant, un surle côté et un à l'arrière, un îlot massif, équipé d'un imposant radar (encore nouveau à l'époque) et une coque ouverte à l'avant sur un pont véranda, où sont montées des pièces anti-aériennes. Le navire est lancé à peine un an après, le 30 août 1943 au terme d'une construction record. Il est baptisé par Mme Frank Knox, femme du "SECNAV" (secrétaire de la marine). Au terme d'une croisière d'acceptation qui d'ordinaire prend un bon mois mais sera réduite à… 7 jours, le USS Hornet est mis en service le 11 septembre 1943.
Au terme d'une courte croisière d'entrainement pour son équipage, le Hornet quitte Norfolk le 14 février 1944 et met le cap sur le canal de Panama puis le Pacifique. La Guerre fait rage, et le Hornet intègre la "Fast Carrier Task Force 20" au large des îles Marshall pour protéger les plages de nouvelle uinée lors de leur reconquête par MacArthur. Le navire sera occupé tout au long de la Guerre : raid contre Tinian et Saipan, reconquête des Mariannes, chase contre la flotte japonaise en mer des Philippines. Il participe au "tir aux pigeons" des Mariannes le 19 juin 1944. et à l'invasion de Leyte, puis celle d'Okinawa. Ce sont des avions du "Hornet" qui donneront l'assaut final au super cuirassé "Yamato" le 6 avril 1945.
Si le navire n'a jamais été touché de toute la campagne, il en ira autrement de son parc aérien... |
Attaqué de nombreuses fois au cours de cette période, le navire ne reçoit que quelques dommages superficiels…les seuls dommages importants sont dus à un typhon le 4 juin 1945, qui détruit la partie avant du pont d'envol sur une douzaine de mètres, l'eau s'étant engouffrée sur le pont véranda, directement sous le pont d'envol.
Le Hornet a gagné 9 "battle star" et une citation présidentielle pendant la Guerre, ce qui est plus que pas mal !
Les dommages du typhon du 4 juin 1945... |
Renvoyé aux Etats-Unis, le Hornet arrive le 7 juillet pour des réparations, avant de repartir pour l'opération "Magic Carpet" (tapis magique) c'est-à-dire le retour aux States des soldats suite à l'armistice. De retour à San Francisco le 9 février 1946, le porte-avion est placé en inactivité en attendant d'être détruit comme beaucoup de navires de cette période, devenues inutiles à la fin de la Guerre.
La guerre de Corée éclate en 1950, et l'US Navy se retrouve avec un besoin de navire et de porte-avions qui n'avait pas été anticipé, tout le monde ayant parié sur l'aviation. Oui, mais sans base pour lancer les avions, c'est bête, mais c'est plus dur de faire la guerre. Comme toujours, heureusement que la Navy est là pour filer un coup de main à l'Air Force !
Le Hornet est donc sorti de réserve et modernisé en urgence le 20 mars 1951 avant de reprendre la mer fin 1953. Il va donc rater la guerre de Corée, mais participe à la renaissance des grandes flottes de l'US Navy d'après-guerre.
En 1955, nouvelle modernisation : cette fois le Hornet troque son pont d'envol droit pour un pont d'envol oblique, invention britannique adaptée par l'US Navy, qui deviendra standard par la suite. l'avantage de ce type de pont est qu'il permet aux avions qui ratent les brins de remettre les gaz et de redécoller sans s'écraser dans les avions parqués à l'avant du pont. Cette invention couplée aux miroirs aux alouettes va permettre un net bond en avant de la sécurité des opérations aériennes. De nouveaux radars et équipements de détection sont installés, transformant le CV-12 en CVS-12, c'est-à-dire porte-avions équipé pour la lutte anti-sous-marins. On installe également un pont couvert à l'avant du pont d'envol, qui à pour effet de prolonger la coque jusqu'au pont empêchant tout nouvel incident en cas de typhon ou forte mer.
Vue de la zone d'appontage |
Le "Hornet" repart en janvier 1957 pour intégrer la 7ème flotte, toujours dans le pacifique, en effectuant des croisières "Westpac", West pacific c'est-à-dire en Asie du sud-est. Le Hornet fera également deux croisières au Vietnam sur "Yankee station" la zone d'opération des porte-avions de la Navy pendant la guerre en 1966 et 1967.
Le président Nixon accueille les astronautes d'Apollo 11 sur le Hornet en 1969 |
Le navire sera également mis à disposition de la NASA pour la récupération de ses capsules au sein de la Task Force 140, force de récupération d'Apollo. On retrouve donc le Hornet à Wake Island en 1966 pour la récupération de la capsule inhabitée Apollo 6 (capsule AS202), puis au large des îles Samoa dans le pacifique par deux fois en 1969, pour la récupération des premiers hommes à avoir marché sur la lune avec Apollo 11, puis 4 mois plus tard pour la récupération des suivants, lors de la mission Apollo 12.
L'îlot du "Hornet" |
Le Hornet est décommissioné en juin suivant avant d'être mis en réserve inactive. Il restera dans un bassin de stockage à Bermerton jusqu'en 1996, où il est réactivé comme navire musée, à Alameda sur la baie de San Francisco, de l'autre côté de la baie. C'est là que j'ai eu l'occasion de le visiter l'été dernier.
Pour info : petite comparaison entre la surface du pont d'envol du "Hornet" (en blanc) et celle de la classe actuelle "Nimitz" (en noir) |
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