Quel est "le" rendez-vous incontournable du monde aéronautique, qui a lieu tous les deux ans ? Si vous êtes "quelqu'un" dans l'aéro, vous devez y aller, et si vous n'avez pas de lien professionnel avec l'aéro, vous voulez y aller…je veux naturellement parler du salon du Bourget, aussi appelé "SIAE" pour "Salon International de l'Aéronautique et de l'Espace", mais ça fait moins branché !
Tout les deux ans, la grande Mecque de l'aéronautique se tient aux portes de Paris. Les constructeurs annoncent des commandes époustouflantes, les PME sont là pour tenter d'exister, et rappeler que sans elles, point d'avion qui vole…et petits et grands viennent rêver devant les démonstrations en vol…
Mais au fait, d'où vient le salon du Bourget ? Vous ne le savez pas, ça tombe bien, Hist'Aéro vous ramène en 1908 pour tout vous expliquer.
1908 est une année charnière pour l'aéronautique en France, par la création de la chambre syndicale des industries aéronautiques (lointain ancêtre du GIFAS). Cette chambre tient sa première séance le 28 février 1908, sous la présidence d'Albert de Dion. Une des propositions discutée ce jour là concerne "l'enseignement et la propagande par le moyen d'une exposition consacrée à l'aéronautique".
Ce projet sera pris à cœur par deux hommes de 28 ans. Le premier est célèbre : Robert Esnault-Pelterie, ingénieur et pilote, est rien moins que l'inventeur du manche à balai. Le deuxième est beaucoup moins connu, mais si il fallait nommer un "monsieur Bourget" ce serait lui : il s'agit d'André Granet.
Sans perdre de temps, ils vont "squatter" une partie du grand palais pendant le salon de l'Automobile. C'est une exposition certes modeste, mais qui attire la curiosité des badauds. Il faut dire que l'aéronautique n'est pas encore connue en détails par le grand public. Les réactions sont très positives, et les deux compères décident de recommencer l'année suivante.
Mais cette fois il voient plus grand : ce n'est plus une annexe du salon de l'auto qu'ils veulent, non, c'est remplir le grand palais, rien que ça ! Ainsi est lancé la première "Exposition internationale de la locomotion aérienne". L'exposition est inaugurée par le président de la république en personne le 25 septembre 1909 (rappelons à toute fin utiles que le président de la république ne servait pas à grand-chose à part inaugurer les expositions à cette époque).
C'est un succès : le grand palais est rempli par une grande quantité d'"aéroplanes" (une quarantaine !) et de moteurs, sans parler des ballons et dirigeables ! Plus de 135 exposants sont là, et la 100 000° entrée est franchie dès le troisième jour ! Mais l'autre succès de cette exposition, c'est la décoration ! Supervisée par André Granet en personne, il a su imposer un style uniforme à tous, ce qui rompt avec les habitudes de s'installer "à la bonne franquette" dans ce genre d'exposition. La grande vedette de l'exposition est sans conteste le Blériot XI, avec lequel Louis Blériot venait de traverser la Manche juste deux mois auparavant. Le terme international par contre est peut-être excessif : on rencontre du matériel français à 90%...
Le salon est donc réédité de manière annuelle, au Grand palais. Le deuxième a lieu du 15 octobre au 2 novembre 1910 et sera également un succès. La 5ème exposition de 1913 sera plus guerrière : de nombreux avions militaires ont fait leur apparition…ce 5 ème salon sera d'ailleurs le dernier pendant les 7 années qui vont suivre, pour cause de Guerre.
Il faudra attendre décembre 1919 pour qu'un nouveau salon se tienne au Grand palais. Ce sera le premier "salon de l'aéronautique", et non plus de la locomotion aérienne : l'aviation entre à un âge plus mature. Autre changement en 1923 : le rythme du salon évolue, passant de tous les ans à tout les deux ans. Le salon de 1938 marquera également le début d'un hiatus lors de la Guerre. Il faudra attendre 1946 pour avoir la suite. Du 15 novembre au 1er décembre, se tient le "XVII° Salon International de l'Aviation". Malgré la pénurie de tout, André Granet se débrouille pour décorer le Grand palais comme à son habitude, dans un style remarquable et sobre tout à la fois. 232 exposants ont répondu présents pour ce salon…dont 153 français ! On observe plus de 30 prototypes français ayant volé depuis la libération. Même si beaucoup n'ont pas grande valeur, c'est le renouveau d'une industrie qui se fait jour ! On trouve d'ailleurs tout au centre de l'exposition le premier appareil français à réaction : le SO6000 "Triton" qui donne le ton : la France est encore présente, à la pointe de la technologie en aéronautique.
1949 arrive, et c'est un nouveau salon, qui a lieu au printemps cette fois. Autre grande nouveauté : en plus de l'exposition statique, l'USIAé (nouveau nom de chambre syndicale) organise un grand défilé aérien à l'aéroport d'Orly en clôture du salon, permettant à tout à chacun d'admirer les belles machines en vol. En quatre ans, les progrès sont spectaculaires : on passe du "triton" au "Trident" et au non moins célèbre "Ouragan". Le XIX° salon de 1951 sera le dernier au grand palais : les avions deviennent trop lourd à transporter, les vols ne se font pas au même endroit, etc...il faut trouver autre chose !
George Héreil, président de l'USIAé lance la construction d'un grand bâtiment à côté de l'aéroport du Bourget, au dorénavant se tiendra le salon aéronautique le plus célèbre du monde ! Un grand bâtiment en demi-rotonde éclairé par de grandes baies vitrées s'avère le plus prometteur, il est mis en chantier dès la fin du salon pour être opérationnel pour le XX° salon de 1953 ! Pari relevé : le 26 juin 1953, s'ouvre le premier salon "du Bourget", avec également pour la première fois une journée réservée aux professionnels de l'aviation (à la toute fin du salon…). Pas moins de 280 000 visiteurs seront recensés cette année là ! Mais plus important encore, les organisateurs ont mis sur pied une nouvelle formule qui perdure encore jusqu'à nos jours.
Il faudra attendre le salon de 1955 pour voir apparaitre une autre innovation : les fameux "chalets" ! Vous vous êtes peut-être demandés pourquoi ces grandes structure préfabriquées s'appellent des chalets…et la réponse c'est parce que à l'origine il s'agissait de…chalet ! Une petite construction, permettant aux entreprise d'accueillir de manière spartiate quelques officiels, il ne s'agissait au départ que d'un moyen plus pratique d'observer les démonstrations en vol, avant de devenir la "vitrine" des grands groupes pour recevoir leur clients dans un décor digne d'un grand palace !
En 1951, le nom change encore une fois : le salon devient le "Salon Internationale de l'Aéronautique (on rajoutera "et de l'Espace" en 1963, le début d'une nouvelle ère !
 |
| La grand-messe de l'aéronautique mondiale |
Tout les deux ans, la grande Mecque de l'aéronautique se tient aux portes de Paris. Les constructeurs annoncent des commandes époustouflantes, les PME sont là pour tenter d'exister, et rappeler que sans elles, point d'avion qui vole…et petits et grands viennent rêver devant les démonstrations en vol…
Mais au fait, d'où vient le salon du Bourget ? Vous ne le savez pas, ça tombe bien, Hist'Aéro vous ramène en 1908 pour tout vous expliquer.
1908 est une année charnière pour l'aéronautique en France, par la création de la chambre syndicale des industries aéronautiques (lointain ancêtre du GIFAS). Cette chambre tient sa première séance le 28 février 1908, sous la présidence d'Albert de Dion. Une des propositions discutée ce jour là concerne "l'enseignement et la propagande par le moyen d'une exposition consacrée à l'aéronautique".
 |
| Deux hommes pour un salon : Robert Esnault-Pelterie (à g) et André Granet (à d) |
Ce projet sera pris à cœur par deux hommes de 28 ans. Le premier est célèbre : Robert Esnault-Pelterie, ingénieur et pilote, est rien moins que l'inventeur du manche à balai. Le deuxième est beaucoup moins connu, mais si il fallait nommer un "monsieur Bourget" ce serait lui : il s'agit d'André Granet.
Sans perdre de temps, ils vont "squatter" une partie du grand palais pendant le salon de l'Automobile. C'est une exposition certes modeste, mais qui attire la curiosité des badauds. Il faut dire que l'aéronautique n'est pas encore connue en détails par le grand public. Les réactions sont très positives, et les deux compères décident de recommencer l'année suivante.
 |
| L'affiche de la toute première exposition aérienne de l'histoire |
Mais cette fois il voient plus grand : ce n'est plus une annexe du salon de l'auto qu'ils veulent, non, c'est remplir le grand palais, rien que ça ! Ainsi est lancé la première "Exposition internationale de la locomotion aérienne". L'exposition est inaugurée par le président de la république en personne le 25 septembre 1909 (rappelons à toute fin utiles que le président de la république ne servait pas à grand-chose à part inaugurer les expositions à cette époque).
C'est un succès : le grand palais est rempli par une grande quantité d'"aéroplanes" (une quarantaine !) et de moteurs, sans parler des ballons et dirigeables ! Plus de 135 exposants sont là, et la 100 000° entrée est franchie dès le troisième jour ! Mais l'autre succès de cette exposition, c'est la décoration ! Supervisée par André Granet en personne, il a su imposer un style uniforme à tous, ce qui rompt avec les habitudes de s'installer "à la bonne franquette" dans ce genre d'exposition. La grande vedette de l'exposition est sans conteste le Blériot XI, avec lequel Louis Blériot venait de traverser la Manche juste deux mois auparavant. Le terme international par contre est peut-être excessif : on rencontre du matériel français à 90%...
Le salon est donc réédité de manière annuelle, au Grand palais. Le deuxième a lieu du 15 octobre au 2 novembre 1910 et sera également un succès. La 5ème exposition de 1913 sera plus guerrière : de nombreux avions militaires ont fait leur apparition…ce 5 ème salon sera d'ailleurs le dernier pendant les 7 années qui vont suivre, pour cause de Guerre.
 |
| 1910 : le grand palais est rempli, le succès est au rendez-vous |
Il faudra attendre décembre 1919 pour qu'un nouveau salon se tienne au Grand palais. Ce sera le premier "salon de l'aéronautique", et non plus de la locomotion aérienne : l'aviation entre à un âge plus mature. Autre changement en 1923 : le rythme du salon évolue, passant de tous les ans à tout les deux ans. Le salon de 1938 marquera également le début d'un hiatus lors de la Guerre. Il faudra attendre 1946 pour avoir la suite. Du 15 novembre au 1er décembre, se tient le "XVII° Salon International de l'Aviation". Malgré la pénurie de tout, André Granet se débrouille pour décorer le Grand palais comme à son habitude, dans un style remarquable et sobre tout à la fois. 232 exposants ont répondu présents pour ce salon…dont 153 français ! On observe plus de 30 prototypes français ayant volé depuis la libération. Même si beaucoup n'ont pas grande valeur, c'est le renouveau d'une industrie qui se fait jour ! On trouve d'ailleurs tout au centre de l'exposition le premier appareil français à réaction : le SO6000 "Triton" qui donne le ton : la France est encore présente, à la pointe de la technologie en aéronautique.
 |
| 1946 : la renaissance française est en marche |
1949 arrive, et c'est un nouveau salon, qui a lieu au printemps cette fois. Autre grande nouveauté : en plus de l'exposition statique, l'USIAé (nouveau nom de chambre syndicale) organise un grand défilé aérien à l'aéroport d'Orly en clôture du salon, permettant à tout à chacun d'admirer les belles machines en vol. En quatre ans, les progrès sont spectaculaires : on passe du "triton" au "Trident" et au non moins célèbre "Ouragan". Le XIX° salon de 1951 sera le dernier au grand palais : les avions deviennent trop lourd à transporter, les vols ne se font pas au même endroit, etc...il faut trouver autre chose !
George Héreil, président de l'USIAé lance la construction d'un grand bâtiment à côté de l'aéroport du Bourget, au dorénavant se tiendra le salon aéronautique le plus célèbre du monde ! Un grand bâtiment en demi-rotonde éclairé par de grandes baies vitrées s'avère le plus prometteur, il est mis en chantier dès la fin du salon pour être opérationnel pour le XX° salon de 1953 ! Pari relevé : le 26 juin 1953, s'ouvre le premier salon "du Bourget", avec également pour la première fois une journée réservée aux professionnels de l'aviation (à la toute fin du salon…). Pas moins de 280 000 visiteurs seront recensés cette année là ! Mais plus important encore, les organisateurs ont mis sur pied une nouvelle formule qui perdure encore jusqu'à nos jours.
 |
| 1955 : les chalets étaient des...chalets |
Il faudra attendre le salon de 1955 pour voir apparaitre une autre innovation : les fameux "chalets" ! Vous vous êtes peut-être demandés pourquoi ces grandes structure préfabriquées s'appellent des chalets…et la réponse c'est parce que à l'origine il s'agissait de…chalet ! Une petite construction, permettant aux entreprise d'accueillir de manière spartiate quelques officiels, il ne s'agissait au départ que d'un moyen plus pratique d'observer les démonstrations en vol, avant de devenir la "vitrine" des grands groupes pour recevoir leur clients dans un décor digne d'un grand palace !
 |
| 1955, le Bourget commence à prendre sa forme actuelle |
En 1951, le nom change encore une fois : le salon devient le "Salon Internationale de l'Aéronautique (on rajoutera "et de l'Espace" en 1963, le début d'une nouvelle ère !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire