Après la mobilisation des bombardiers, celle des ravitailleurs ! L'avion ravitailleur de la RAF
était un autre bombardier de la série des "V", le "Victor" qui avait
abandonné son rôle de bombardier stratégique pour le ravitaillement en
vol. Les premiers vols d'entrainement furent catastrophiques, les
pilotes du Vulcan ayant beaucoup de mal à enficher leur perche de
ravitaillement dans le "panier" du Victor. Sur une vingtaine de
tentatives, seulement deux furent des succès. Il fut donc décidé
d'adjoindre à l'équipage du Vulcan un cinquième homme, instructeur sur
le Victor et spécialiste du ravitaillement en vol pour aider l'équipage.
Le "Victor" |
Même problème pour le bombardement conventionnel : la plupart des équipages ne l'avait jamais pratiqué. Il fallait faire un retour en arrière pour revenir aux bonnes vieilles techniques de "bomb-run" à la manière des équipages de Lancaster lors de la seconde Guerre Mondiale. Pour compléter la formation des équipages, il fut décidé de les entrainer à bombarder (avec armement réel) une île au large de l'Ecosse. Les 3 équipages firent au total une dizaine de sorties d'entrainement sans soucis particuliers, les équipages atteignat un niveau jugé plus que suffisant rapidement. La RAF cependant eut quelques soucis avec la RSPB, la Royal Society for the protection of Birds (société royale pour la protection des oiseaux) qui s'alarma du "massacre" des mouettes sur l'île utilisée comme cible par la RAF !
Pour
aider les équipages de Vulcan, la RAF emprunte en urgence des centrales
inertielles sur des VC-10 pour les monter sur les Vulcans, ce qui
donnait une référence stable aux équipages du bombardier. Le 29 avril,
deux Vulcans quittent Waddington pour l'île d'ascension. A leur
arrivée, les équipages découvrent une véritable ruche : le petit
aéroport qui voyait rarement passer plus de quatre ou cinq appareils par
jour est devenu la base de 14 avions ravitailleurs "Victor" mais aussi
pour des "Nimrod" et des "Hercules".
Un des nombreux "Victor" basé sur l'ile d'ascension pendant la campagne des Malouines |
Le
29 avril au soir, les armuriers de la RAF installent l'armement dans
les deux Vulcans : 21 bombes de 1000 livres (soit 450kg) au total.
Pendant ce temps, les équipages travaillent : il faut finaliser le plan
de vol du raid. Armé d'une calculatrice de poche et de beaucoup de
papier, le Group Captain Jeremy Price calcule les besoins en carburant
de chacun. Avec son équipe, ils parviennent à un plan d'une complexité
encore jamais vue et ne laissant aucune marge d'erreur. Il leur faut
douze ravitailleurs et deux Vulcan. Un Victor et un Vulcan sont en
réserves et peuvent remplacer un des appareils du plan au pied levé si
besoin pendant le première partie de la mission. Pour le reste, les onze
Victor et le Vulcan décollent ensembles, et mettent cap au sud. Arrivé
à un premier point, les six premiers Victor vont ravitailler les cinq
autres ainsi que le Vulcan. Ayant gardé juste de quoi rentrer, les six
Victor retournent sur l'île d'Ascension. Le raid continu avec cinq
Victor et un Vulcan.
Le plan de vol est extrêmement complexe |
Arrivé
à un second point de ravitaillement, trois des cinq Victor restant
ravitaillent le Vulcan et les deux Victor restant. Les trois
ravitailleurs font ensuite demi-tour pour rentrer. Reste alors deux
Victor et le Vulcan. Arrivé à un troisième point, un Victor ravitaille
le Vulcan puis l'autre Victor avant de faire demi-tour. Arrivé au
dernier point, le Victor restant ravitaille une dernière fois le Vulcan
avant de retourner vers Ascension, ou un autre Victor de la première
vague vient à sa rencontre.
En résumé...
Le
Vulcan peut ensuite aller effectuer son bombardement, avant de remettre
cap au nord, ou une formation de deux Victor vient à sa rencontre, pour
compléter ses pleins. Ce plan diaboliquement anglais laisse très peu de
manœuvre. Un problème sur un seul avion peut mettre en danger toute la
mission. Il faut à tout prix maitriser la consommation de carburant. Or
elle dépend de trop de facteurs pour être précise au litre près. Il faut
donc faire des approximations et des hypothèses. Le seul "outil" dont
dispose les équipes étant une calculatrice 4 opérations, il faut estimer
aussi précisément que possible les besoins et les réserves de chacun.
Les
Vulcan et les Victor sont tous équipés de centrale inertielle, ce qui
permet la navigation sans encombre de nuit au dessus de l'océan, même en
cas de mauvais temps pouvant masquer les étoiles. En revanche, aucun
équipage ne dispose d'une carte de l'atlantique sud à bord des appareils
: les cartes ont été commandés en urgence…mais n'ont pas encore été
livrées. Qu'importe, les équipages utiliseront les carte de l'atlantique
nord, en les retournant, et en marquant au crayon les principaux points
de repère. Système D, quand tu nous tiens...
Le raid pouvait être lancé...
Le raid pouvait être lancé...
Vulcan sur l'île d'Ascension |
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