Savoir récupérer un aviateur abattu en territoire ennemi est souvent une tâche dévoué aux hélicoptères. Mais l'hélicoptère est lent, très vulnérable en vol stationnaire, et il faut plusieurs minutes pour hélitreuiller quelqu'un. Très bruyant, il est aussi facilement repérable…comment faire mieux ? Avec le système Fulton !
Remontons à la Seconde Guerre Mondiale. Les alliés vont expérimenter une méthode de récupération à l'aide d'un avion. L'idée est d'utiliser un C-47 "Skytrain" (version militaire du DC-3) et de l'équiper d'un crochet sous le fuselage, très semblable à une crosse d'appontage. Au sol, on prépare une installation constituée de deux poteaux hauts de 3,5 mètres, et espacés de 4 mètres environ. Un câble est tiré entre ces deux poteaux, et attaché à un harnais où prend place l'opérateur à récupérer.
Le C-47 doit ensuite survoler l'ensemble de manière à attraper la corde avec son crochet, avant de hisser l'opérateur à bord à l'aide d'un treuil. C'est un système assez brutal (encore plus que l'ouverture d'un parachute) et qui demande une grande précision de la part du pilote du C-47, qui doit voler à 4 mètres du sol pour attraper une cible très étroite. Il y a peu de marge d'erreur, ce qui rend le système plutôt dangereux. Il ne sera utilisé que de manière épisodique pendant la Guerre, que dans des cas où aucun autre appareil ne pouvait se poser, sachant que l'hélicoptère n'était pas encore suffisamment opérationnel pour les opérations SAR (Search and Rescue, recherche et sauvetage).
Dans les années 50, la CIA qui est toujours partante pour des opérations pas très légales dans des pays pas très nets cherche à perfectionner le système pour récupérer des agents en territoire ennemi, si besoin au milieu d'une zone escarpée ou d'une forêt, en un minimum de temps avec un avion. C'est l'inventeur Robert Fulton qui va trouver une solution novatrice vers 1955, qui sera baptisée "SKYHOOK" (crochet du ciel) ou plus tard "STARS" pour "Surface To Air Recovery System").
Fulton intéresse la Navy et la CIA et obtient un contrat pour développer son invention. Basé à El Centro en Californie, il va utiliser un avion P2V "Neptune" pour mettre au point son système, qui sera au point en 1958. Le 12 août de cette année, un "Marine", le Gunny Levi W. Woods est le premier homme extrait à l'aide de ce système, sans aucun dommage à déplorer.
Examinons de plus près cette invention.
Elle se compose d'un paquet largable par avion pour la personne au sol qu'il faut récupérer. Ce paquet contient un harnais, attaché à une corde en nylon de 150 mètres, elle-même reliée à un mini-dirigeable gonflable, et des bouteilles d'hélium permettant de le gonfler. Le câble est monté sur un dérouleur, lui-même accroché à un lest permettant d'arrimer le ballon au sol pendant la phase de gonflage.
Une fois le ballon gonflé, l'opérateur peut déverrouiller le câble, permettant au ballon de s'élever à 150 mètres de haut en quelques dizaines de secondes. Des repères colorés sont présents le long du fil pour le rendre facilement repérable (ou des lumières clignotantes pour la nuit). L'opérateur n'a plus qu'à attendre l'avion de récupération.
L'avion de récupération justement, la seconde partie du dispositif. Il s'agit d'un appareil équipé d'un large crochet en V sur le nez. Il mesure près de 10 mètres de long avec un angle de 70°. Le Neptune a été très utilisé pour la mise au point du système, mais c'est surtout le C-130 "Hercules" qui a été beaucoup utilisé pour ces missions. Il faut dire qu'avec la rampe de chargement arrière qui peut s'ouvrir en vol, il est beaucoup plus facile de récupérer le "colis" une fois accroché par l'avion pour le hisser à bord.
Un MC-130E équipé du crochet Fulton peut ainsi viser le câble pour l'accrocher, ce qui demande malgré tout une excellente coordination de l'équipage pour ne pas rater le brin ! Le crochet est équipé d'un système de retenue et d'une cisaille, permettant de larguer la partie haute (càd le ballon) tout en gardant la partie basse (càd l'opérateur). En outre, des câbles en acier sont tendus entre le nez et les saumons d'ailes du Hercule, de manière à prévenir tout accident si l'équipage passe juste à côté du câble (câble mal arrimé ou qui pourrait endommager les moteurs).
Ceux qui l'ont testé affirment que le système est d'une douceur remarquable, bien moins violent que l'ouverture d'un parachute. Le fait d'étendre les bras permet d'éviter de tournoyer, chose qui n'est pas du tout agréable. Pour preuve, dans les premiers essais du système, Fulton fera récupérer…un cochon. Ne pouvant étendre ses bras, se dernier se met à tournoyer très vite. Il arrive à bord indemne mais désorienté…et après 5 minutes de repos, il va soudainement se mettre à attaquer l'équipage !
Pendant que notre opérateur vole tel un jambon au bout de son câble, le "Hercule" met les gaz, et en gagnant de la vitesse, il va rabattre l'opérateur le long du fuselage, de telle sorte que les membres d'équipage dans la soute puisse attraper le câble à l'aide d'un grand crochet. Un câble et un treuil permettent ensuite de remonter l'opérateur dans la soute, concluant l'opération. Le tout a duré entre 5 et 6 minutes depuis que le Hercule a accroché le câble.
Maintenant vous allez vous dire "mais oui, j'ai vu Batman faire ça dans "the dark knight" !" et vous avez tout à fait raison, c'est exactement ça ! D'autres vont me dire "mais alors le gadget de james Bond c'était ça ?" ben oui, aussi !
Le système sera utilisé à de nombreuses reprises de manière opérationnelle entre 1962 et 1996. On citera notamment l'opération "Cold Feet" ou comment deux agents de la CIA sont allés inspectés une station arctique soviétique qui avait été abandonné. Ils seront largués en parachute, passeront 72 heures sur place, avant d'être récupérés, ainsi que leurs précieuses trouvailles. Malgré l'apparente dangerosité de la méthode, il n'y aura qu'un seul accident mortel en 1982.
En 1996, devant la généralisation des hélicoptères à long rayon d'action et ravi taillable en vol, les forces spéciales décident d'abandonner le système Fulton. C'est donc la fin d'une époque pour un système qui sera resté en service plus de 40 ans !
Un "Hercule" au nez bizarre... |
Remontons à la Seconde Guerre Mondiale. Les alliés vont expérimenter une méthode de récupération à l'aide d'un avion. L'idée est d'utiliser un C-47 "Skytrain" (version militaire du DC-3) et de l'équiper d'un crochet sous le fuselage, très semblable à une crosse d'appontage. Au sol, on prépare une installation constituée de deux poteaux hauts de 3,5 mètres, et espacés de 4 mètres environ. Un câble est tiré entre ces deux poteaux, et attaché à un harnais où prend place l'opérateur à récupérer.
Le C-47 doit ensuite survoler l'ensemble de manière à attraper la corde avec son crochet, avant de hisser l'opérateur à bord à l'aide d'un treuil. C'est un système assez brutal (encore plus que l'ouverture d'un parachute) et qui demande une grande précision de la part du pilote du C-47, qui doit voler à 4 mètres du sol pour attraper une cible très étroite. Il y a peu de marge d'erreur, ce qui rend le système plutôt dangereux. Il ne sera utilisé que de manière épisodique pendant la Guerre, que dans des cas où aucun autre appareil ne pouvait se poser, sachant que l'hélicoptère n'était pas encore suffisamment opérationnel pour les opérations SAR (Search and Rescue, recherche et sauvetage).
Robert Fulton |
Dans les années 50, la CIA qui est toujours partante pour des opérations pas très légales dans des pays pas très nets cherche à perfectionner le système pour récupérer des agents en territoire ennemi, si besoin au milieu d'une zone escarpée ou d'une forêt, en un minimum de temps avec un avion. C'est l'inventeur Robert Fulton qui va trouver une solution novatrice vers 1955, qui sera baptisée "SKYHOOK" (crochet du ciel) ou plus tard "STARS" pour "Surface To Air Recovery System").
C-130 en vol avec le crochet "Skyhook" à l'avant |
Fulton intéresse la Navy et la CIA et obtient un contrat pour développer son invention. Basé à El Centro en Californie, il va utiliser un avion P2V "Neptune" pour mettre au point son système, qui sera au point en 1958. Le 12 août de cette année, un "Marine", le Gunny Levi W. Woods est le premier homme extrait à l'aide de ce système, sans aucun dommage à déplorer.
Examinons de plus près cette invention.
Principe de la récupération |
Elle se compose d'un paquet largable par avion pour la personne au sol qu'il faut récupérer. Ce paquet contient un harnais, attaché à une corde en nylon de 150 mètres, elle-même reliée à un mini-dirigeable gonflable, et des bouteilles d'hélium permettant de le gonfler. Le câble est monté sur un dérouleur, lui-même accroché à un lest permettant d'arrimer le ballon au sol pendant la phase de gonflage.
Les instructions attachées au paquet, version CIA... |
Une fois le ballon gonflé, l'opérateur peut déverrouiller le câble, permettant au ballon de s'élever à 150 mètres de haut en quelques dizaines de secondes. Des repères colorés sont présents le long du fil pour le rendre facilement repérable (ou des lumières clignotantes pour la nuit). L'opérateur n'a plus qu'à attendre l'avion de récupération.
L'avion de récupération justement, la seconde partie du dispositif. Il s'agit d'un appareil équipé d'un large crochet en V sur le nez. Il mesure près de 10 mètres de long avec un angle de 70°. Le Neptune a été très utilisé pour la mise au point du système, mais c'est surtout le C-130 "Hercules" qui a été beaucoup utilisé pour ces missions. Il faut dire qu'avec la rampe de chargement arrière qui peut s'ouvrir en vol, il est beaucoup plus facile de récupérer le "colis" une fois accroché par l'avion pour le hisser à bord.
Ballons gonflés, paré à monter ! |
Un MC-130E équipé du crochet Fulton peut ainsi viser le câble pour l'accrocher, ce qui demande malgré tout une excellente coordination de l'équipage pour ne pas rater le brin ! Le crochet est équipé d'un système de retenue et d'une cisaille, permettant de larguer la partie haute (càd le ballon) tout en gardant la partie basse (càd l'opérateur). En outre, des câbles en acier sont tendus entre le nez et les saumons d'ailes du Hercule, de manière à prévenir tout accident si l'équipage passe juste à côté du câble (câble mal arrimé ou qui pourrait endommager les moteurs).
Vue générale du C-130 avec le système Fulton |
Ceux qui l'ont testé affirment que le système est d'une douceur remarquable, bien moins violent que l'ouverture d'un parachute. Le fait d'étendre les bras permet d'éviter de tournoyer, chose qui n'est pas du tout agréable. Pour preuve, dans les premiers essais du système, Fulton fera récupérer…un cochon. Ne pouvant étendre ses bras, se dernier se met à tournoyer très vite. Il arrive à bord indemne mais désorienté…et après 5 minutes de repos, il va soudainement se mettre à attaquer l'équipage !
Pendant que notre opérateur vole tel un jambon au bout de son câble, le "Hercule" met les gaz, et en gagnant de la vitesse, il va rabattre l'opérateur le long du fuselage, de telle sorte que les membres d'équipage dans la soute puisse attraper le câble à l'aide d'un grand crochet. Un câble et un treuil permettent ensuite de remonter l'opérateur dans la soute, concluant l'opération. Le tout a duré entre 5 et 6 minutes depuis que le Hercule a accroché le câble.
Schéma de récupération de l'opérateur...evidement, il y a des "petits bras" pour aider à la récupération, et la barrière de sécurité type "parc à boutd'chou" n'a jamais été utilisée en pratique... |
Maintenant vous allez vous dire "mais oui, j'ai vu Batman faire ça dans "the dark knight" !" et vous avez tout à fait raison, c'est exactement ça ! D'autres vont me dire "mais alors le gadget de james Bond c'était ça ?" ben oui, aussi !
Le système sera utilisé à de nombreuses reprises de manière opérationnelle entre 1962 et 1996. On citera notamment l'opération "Cold Feet" ou comment deux agents de la CIA sont allés inspectés une station arctique soviétique qui avait été abandonné. Ils seront largués en parachute, passeront 72 heures sur place, avant d'être récupérés, ainsi que leurs précieuses trouvailles. Malgré l'apparente dangerosité de la méthode, il n'y aura qu'un seul accident mortel en 1982.
en résumé...
En 1996, devant la généralisation des hélicoptères à long rayon d'action et ravi taillable en vol, les forces spéciales décident d'abandonner le système Fulton. C'est donc la fin d'une époque pour un système qui sera resté en service plus de 40 ans !
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