lundi 12 janvier 2015

L'Auto & Technik museum de Sinsheim

Il existe en Allemagne deux musées "techniques" qui ont de belles collections dans le domaine aéronautiques, situés à quelques kilomètres l'un de l'autre : il s'agit des musées de Sinsheim et Speyer. Le premier que j'ai visité ce noël est celui de Sinsheim, qui possède comme particularité unique de posséder côte à côte un Concorde et un Concordski, le fameux Tupolev 144 ! Le musée possède également une collection très impressionnante de la deuxième Guerre Mondiale ainsi que de l'après-guerre, que je vais vous présenter brièvement dans cet article.

Les deux supersoniques civils au monde, côte à côte...

Le clou de la visite reste cependant les deux seuls supersoniques civils au monde : Concorde et Concordski. Le oncordski est le 77112, il s'agit donc du 2ème exemplaire de la version à long rayon d'action, le Tupolev 144D, qui a été acheté aux autorités russes par le musée. Le Concorde exposé est le F-BVFB.

A bord de Concordski...tôles ondulées à l'arrière...

Les deux appareils possèdent la particularité d'être exposés en position surélevée sur le toit du musée, et en position légèrement cabrée. On accède à bord grâce à des escaliers en colimaçon. Arrivé à la porte arrière de Concordski, ce qui frappe c'est l'aspect "tôle ondulé" de la partie arrière dont l'aspect rustique tranche beaucoup avec l'aspect racé extérieur de l'appareil. On passe ensuite devant les galleys, avant de rentrer dans la cabine passagers, où une majorité des sièges ont été retirés pour faciliter l'accès. On retrouve cependant les fauteuils orange d'Aéroflot, au sein d'une cabine qui est plus spacieuse que sur Concorde : les rangées sont de 5 sièges…autre différence appréciable par rapport à Concorde, les hublots sont grands comme sur un Airbus moderne, donnant ainsi beaucoup plus de lumière à l'intérieur de l'appareil.

On remonte le long de Concordski...

Les rangées sont de 3 + 2 sièges

On progresse ensuite devant la porte d'entrée principale puis à l'avant vers le cockpit. Comme beaucoup d'appareils de la période soviétique, toute la planche de bord est peinte en verte, couleur parait-il reposante pour les pilotes. Comme sur Concorde, l'appareil se pilote à trois, et c'est le mécanicien navigant qui dispose de la planche de bord la plus impressionnante !

Planche du mécanicien navigant...

Vue du cockpit du Tu-144

Une fois ce tour terminé, petit tour extérieur de l'appareil, le temps d'apprécier la pureté des lignes de l'avion, ainsi que l'étrangeté de son nez équipé de plans canards rétractables en arrière du cockpit, donnant au cockpit un air de grue au sol, mais aussi la disposition particulière des moteurs, situés sous les ailes mais collés contre le fuselage.

L'avant du Tu-144, avec ses dérives canards...

Après un tour du Tu-144, direction Concorde !

Direction Concorde ! Celui-ci est un ancien Concorde d'Air France, le F-BVFB qui porte le numéro 207. Il fit son premier vol en mars 1976 et son dernier le 24 juin 2003. Il a accumulé au total 14770 heures de vol ! Originalité, les cloisons dans le couloir du cockpit ont été remplacées par des vitres en plexiglas, ce qui permet d'admirer la collection des calculateurs de vol !


F-BVFB

Cabine de Concorde

Les calculateurs de vol sont visibles...

Cockpit de Concorde...

On continue ensuite sur le toit du bâtiment, pour aller voir trois autres appareils : tout d'abord un Illiouchine 14, connu sous le nom de code de "crate" (caisse) par l'OTAN. Cet appareil conçu au début des années 50 a été conçu pour remplacer le DC-3 (ou plutôt le Lisounov Li-2 suivant son nom soviétique..). Cet appareil a été conçu à l'image du DC-3 : fiable et robuste, ce qui permettait son utilisation dur des terrains non préparés. Cet exemplaire est un Il-14 "P", c'est-à-dire la version de transport civil, aux couleurs bulgares.

L'Il-14P

Cockpit de l'Il-14P

Juste à côté se trouve un appareil emblématique de l'après-guerre : le Vickers "Viscount", premier appareil de transport au monde équipé de turbopropulseurs, qui fit son premier vol en 1948. Développé suite aux recommandations du Comité Brabazon sous le nom de "Type II", le Viscount possédait une cabine pressurisée, et très silencieuse grâce aux quatre turbopropulseurs situés sur les ailes. Il pouvait transporter jusqu'à 24 passagers à près de 300km/h sur 2000km : une vraie révolution pour 1948. Le "Viscount" aura une longue carrière, étant fabriqué à plus de 445 exemplaires pour une myriade de clients. L'appareil présenté dans le musée est le F-BGNU, qui appartenait à Air France.


Le Vickers "Viscount", un ancien d'Air France..

Cabine du "Viscount"

Cockpit du "Viscount"

Juste à côté, un autre appareil emblématique : tante Ju ou plus précisément un Junkers Ju-52. Produit à presque 5000 exemplaires entre 1931 et 1952, il s'agit d'un des appareils les plus produit pour son époque. Il est connu pour son service au sein de la Luftwaffe pendant la Guerre, mais il a également servi en temps qu'avion de transport civil, au sein de la Swissair, de Lufthansa, Air France…et bien d'autres encore !

Le Canberra à l'avant et le Junkers Ju-52 au milieu...


Juste à côté se trouve également un "Canberra" britannique, peint aux couleurs allemandes dans un orange vif correspondant aux appareils d'essais en vol.

La banane volante...

Devant le musée, on trouve également un exemplaire du H-21 "Vertol", aussi surnommé "la banane volante", et un peu plus loin, le premier et plus célèbre bombardier d'eau : le "Canadair" CL-215, fabriqué par la firme canadienne du même nom (devenu aujourd'hui Bombardier). Il a été produit à 125 exemplaires entre 1966 et 1989, avant d'être remplacé par une version plus moderne : le CL-415. On arrive sous l'appareil ou l'on peut voir les écopes, c'est-à-dire les trappes permettant de remplir les réservoirs d'eau. Une fois à l'intérieur, on observe les deux réservoirs d'eau, ainsi qu'à côté les réservoirs de retardant. Chaque réservoir d'eau est surmonté d'une grande cheminée débouchant vers l'extérieur, ce qui permet à la fois de permettre l'ingestion très rapide d'eau dans les réservoirs, et l'évacuation du trop plein vers l'extérieur. Ces deux énormes réservoirs permettent d'ingérer pas loin de 5000 litres d'eau en a peine 15 secondes ! Couplés au 300 litres de retardant qui sont embarqués avec l'appareil, cela lui donne une capacité de lutter contre les incendies unique au monde. Cet appareil est l'un des 15 qui était mis en service par la sécurité civile pour les lutter contre les feux de forêts, qui furent progressivement remplacés par des CL-415 plus puissants.


Aux commandes du Canadair...

Il y a deux écopes sous le fuselage (dont une ouverte sur cette photo,)

En intérieur, on trouve un autre appareil que je connais déjà bien, un F-104G, version spécialement conçue pour la Luftwaffe, qui est accompagné un peu plus loin par un autre appareil bien connu aux Ailes Anciennes : un MiG-15 soviétique, en superbe état.

Un F-104G suspendu

Un MiG-15

En levant les yeux, on peut aussi apercevoir un appareil rare sous nos latitudes : un "Hoodium", nom de code de l'OTAN du Kamov Ka-26. Ce petit hélicoptère léger à été produit à partir de 1968 à raison de plus de 800 exemplaires pour le Pacte de Varsovie. Il est équipé d'un double rotor contrarotatif, spécialité  de Kamov. Il est motorisé par deux moteurs à pistons de 325 chevaux, lui donnant une capacité d'emport de 7 passagers (pour sa version transport) en plus des deux pilotes, avec un rayon d'action de 400km environ.

Le Ka-26 suspendu...

Voila pour le récit de la viste de Sinsheim...la semaine prochaine, la suite avec la visite du musée de Speyer !

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