Pages

lundi 1 septembre 2014

Visite du RAF museum de Cosford

Après Bruntingthorpe et Duxford, il me restait un autre grand musée à visiter dans le centre de l'Angleterre : le musée de la Royal Air Force qui est situé à Cosford, environ à une heure de route de Birmingham. L'opportunité s'est présentée cet été, et je n'ai pas hésité...

Sous l'aile du Vulcan de Cosford

Le musée est le musée officiel de la RAF, et il regroupe une grande collection d'appareils de la Seconde Guerre Mondiale jusqu'à nos jours. C'est entre autre le seul endroit au monde où l'on peut voir un Vickers "Valiant" entier, et admirer les trois bombardiers "V" de la Guerre Froide côte à côte, ainsi que plusieurs prototypes rares comme le Bristol 188…mais ne nous emballons pas, reprenons depuis le début !

Après un petit malentendu, nous sommes arrivés devant la grille de la base, et là j'ai compris qu'il ne fallait pas suivre les panneaux "RAF Cosford" mais bien "RAF Cosford Museum"…Je n'ai donc pas pu rentrer sur la base militaire d'active (je n'ai même pas essayé d'ailleurs) et un demi-tour rapide m'a permis de revenir vers le musée. Nous sommes acceuillis à l'entrée du musée par un appareil issu directement du comité "Brabazon" : un Bristol "Britannia" qui trône à l'entrée du parking. Avant l'entrée en service des Hercules et autre VC-10, le "Britannia" était le principal quadripropulseur de la RAF utilisé pour le transport de troupe ou de fret.

Le Bristol "Britannia" du musée

On peut ensuite entrer dans le musée, la queue étant plutôt rapide…en effet, l'entrée est gratuite ! Direction les halls d'exposition ! Cosford est divisé en trois hangars : un hangar Seconde Guerre Mondiale, un hangar "prototype" et un immense hangar récent consacré à la Guerre Froide, sans compter une zone d'exposition extérieure.

Commençons par l'extérieur. On y trouve entre autres les deux appareils de lutte anti-sous-marine utilisés par la RAF au cours de la Guerre Froide : tout d'abord le P2 "Neptune", un bi-turboprop conçus pour la marine américaine, mais qui sera également utilisé par les forces française, anglaises et allemandes !

Le "Nimrod"
Juste à côté se trouve son successeur, ultime évolution du Havilland "Comet", j'ai nommé un appareil à l'esthétique horrible, le "Nimrod". Conservant les ailes, la motorisation et le haut du fuselage du Comet, il incorpore une soute à bombe, ainsi qu'un radar de recherche et une perche de détection d'anomalie magnétique (MAD) à l'arrière, utilisée pour la détection des sous-marins. Il sera utilisé juqu'en 2011 par la RAF.

Ultime évolution du "Comet", le Nimrod

Direction le hall Seconde Guerre Mondiale ensuite…qui contrairement à ce que son nom suggère ne contient pas que des avions de la WWII : je suis rentré pour me retrouver face à un Harrier GR.9A, le ZG477, récemment retraité après plusieurs tours en Irak et Afghanistan !

Le Harrier GR.9


Plus loin, on croise un Avro "Lincoln", bombardier de la RAF de l'après-guerre, descendant direct de l'Avro "Lancaster", avec son immense soute à bombes ouverte. Il s'agissait principalement d'une version agrandie du Lancaster, mieux adaptée pour les grandes distance du Pacifique. Le premier "Lincoln" fera son premier vol en juin 1944, mais il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour le voir entrer en service; pas moins de 583 exemplaires seront construits.

L'Avro "Lincoln"
Nous croisons ensuite un IA58 "Pucara", aux couleurs argentines. Conçu comme appareil d'appui et d'attaque face à des rebelles peu armés, le "Pucara" sera d'une totale inefficacité face aux "Harrier" de la Fleet Air Arm lors du conflit des Malouines. Il s'agit d'un des 5 Pucara capturé par les Royal Marines à la fin du conflit qui sera envoyé en Angleterre comme prise de guerre. Cet exemplaire a été remis en état de vol par le Royal Aircraft establishment de Boscombe Down en 1983 pour évaluer ses performances. A côté de l'appareil, on trouve aussi un 4x4 Mercedes avec une histoire singulière. Il s'agit également d'une prise de guerre lors du conflit des Malouines. Trouvé avec un trou d'obus dans le capot, son moteur sera réparé et l'engin expédié aux forces britanniques en Allemagne à la fin du conflit; Mercedes refusera d'en assurer l'entretien au vu de sa provenance "douteuse", et les Marines se débrouilleront pour l'entretenir eux mêmes, mais à la chute du mur de Berlin, le gouvernement britannique refusera de le réimporter en Angleterre, car il n'existe aucun document administratif sur ce 4x4. Les Marines devront donc l'abandonner, et c'est ainsi qu'il terminera sa carrière à Cosford, mais en tant que prise de guerre !

Le "Pucara"
Un 4x4 Mercedes qui à fait le tour du monde.
Direction le hall des prototypes ensuite, avec de nombreux appareils intéressants. On commence par le "Meteor F8", un dérivé du Gloster "Meteor". Celui ci est le plus long de toute la famille : en effet, il a été conçu avec deux cockpits, le premier est le cockpit classique, le second est un cockpit où le pilote est allongé sur le ventre. Cet appareil avait pour but d'évaluer les réactions du pilotes lorsqu'il était allongé sur le ventre. L'expérience montrera qu'un pilote dans cette position possédait une bien meilleure vision vers le bas, mais sa vision vers le haut était source de torticolis. Les accélération sont bien mieux supportées dans cette position, mais la position sur le ventre est fatigante à la longue. Une autre solution sera trouvée : la combinaison "anti-G", aussi efficace, sans faire perdre ses repères au pilote !

Le Meteor F8

Au centre du hall, se trouve le "crayon enflammé", ou plus précisément le Bristol 188. Il s'agit d'un appareil particulier : il est entièrement construit en acier ! Très lourd, il se révèlera très décevant lors des essais, étant à peine supersonique. Utilisé pour étudier les effets de l'échauffement cinétique, son expérience permettra de dire dès le départ que Concorde ne pourrait pas être construit en acier, et que seul l'aluminium ou le titane feraient l'affaire.

Le "Crayon enflammé"...aka Bristol 188
Le cockpit du 188 était entièrement réfrigéré.


Juste en face, se trouve un autre appareil dont je vous ai déjà beaucoup parlé : le BAC TSR2 ! L'exemplaire présenté ici, comme celui de Duxford, n'a jamais volé, il était en production au moment de l'arrêt des vols. Il s'agit du XR220, qui aurait du être le second à voler.

Le BAC TSR2, avion au destin tragique..

Un peu plus loin, nous pouvons rencontrer le "Kestrel" XS695. Développé par "Hawker", il s'agit d'un prototype d'avion à décollage et aterissage vertical, dont les lignes vous rappeleront sans doute un autre appareil plus connu : le Harrier. Le "Kestrel" est en effet extrapolé du P1127 de Hawker, et est ainsi le prédécesseur du "Harrier". Il est plus petit et beaucoup plus simple que le "Harrier de série, et sera évalué par un centre d'essai composite regroupant des pilotes anglais, américains et allemands, d'où les cocardes de nationalités.

Le "Kestrel"

Les cocardes avec la triple nationalité.

Dans le reste du hangar, on peut aussi croiser le prototype de l'EAP ou European Aircraft Program, qui est l'ancêtre du "Typhoon", concurrent du Rafale. On croise également un Fairey Delta FD2, le WG777, avion à aile delta conçu comme démonstrateur du Concorde ou encore le démonstrateur du Jaguar "électrique", le XX765. Il s'agit d'un jaguar dont les commandes de vol ont été remplacées par des commandes de vol électriques (CDVE).

Le prototype de l'EAP
Enfin il me restait la plus grosse partie et la plus passionnante à mes yeux : le hall de la Guerre Froide. C'est un hall tout récent qui a été inauguré il y a moins de 5 ans pour accueillir les gros appareils de la collection, dont les bombardiers "V". On est mis en ambiance dès l'arrivée en se retrouvant face au Vickers "Valiant", le premier bombardier de la dissuasion nucléaire anglaise. Cet appareil est le XD818, il possède une longue histoire : il fut le dernier Valiant à voler, le seul à avoir largué une vraie bombe H active (au cours d'un entrainement) et il est aujourd'hui le seul "Valiant" à avoir échappé au ferraillage. Il porte actuellement les marquages qu'il portait lors de l'opération "Grapple", le premier largage en grandeur réelle de la bombe H anglaise.

Le Vickers "Valiant", premier bombardier "V"


Juste à côté, se trouve le XH672, un Handley Page "Victor", le dernier des bombardiers "V", un vétéran de la guerre des Malouines où il fut ravitailleur des Vulcan pour les missions "Black Buck" et bien d'autres encore. Son nose-art assez osé nous apprend qu'il s'appelle "Maid Marion". On ne peut pas le voir dans le musée, mais il y a un autre dessin sur la paroi de la porte d'accès de l'équipage, sur lequel il y a marqué "I ran Offutt !", jeu de mot intraduisible entre Offutt AFB aux Etats-Unis et "I ran on foot" "je marche à pied". Ce dessin a été fait par les équipes de maintenance du Strategic Air Command américain lorsqu'ils ont du réparer ce Victor lors d'un décollage raté à Offutt AFB, l'appareil ayant endommagé son train et terminé dans l'herbe.

Nose art du Victor "Maid Marian"

"I ran Offutt"


Encore à côté, nous avons un Avro "Vulcan", le second des bombardiers "V", que je vous avait déjà présenté à Duxford. Cet appareil est le XM598, il était le premier appareil de la mission "Black Buck", mais devra faire demi-tour suite à un problème de pressurisation. Il sera également premier appareil de la mission Black buck 4, mais devra également faire demi-tour suite à un problème sur le "Victor" qui devait le ravitailler.

L'Avro "Vulcan", troisième bombardier "V"


Tout autour des bombardiers "V", on découvre également leurs armements : missile "Blue Steel" et "Skybolt" qui n'entrera d'ailleurs jamais en service), mais aussi les armes "spéciales" c'est-à-dire nucléaires ! On trouve entre autre la "Yellow Sun" première bombe thermonucléaire anglaise, ou encore la "Red Beard", première bombe nucléaire tactique anglaise.

La "Yellow Sun"

Et à côté, la "Red Beard"

Dans ce hall, le spectacle n'est pas seulement exposé au sol, mais aussi dans les airs ! J'ai meême envie de vous dire où voulez vous mettre des avions ailleurs qu'en l'air ? Les murs et plafond du bâtiment permettent d'admirer un Hawker "Hunter" biplace ou encore un Gloster "Javelin" et surtout un BAC "Lightning" en pleine ascension verticale ! Cette position inusuelle le met particulièrement en valeur, même si il souligne son "ventre bière". Une galerie en hauteur permet d'admirer les avions de haut..mais hélas pas les "V bombers" qui sont dans une autre zone non visible depuis la plateforme.

Un "Lighnning" en pleine ascension verticale !

Nous continuons ensuite dans le hall de la Guerre Froide, et nous allons rencontrer un vrai monstre : le Short "Belfast", un quadrimoteur à turbopropulseurs utilisés par la RAF à la fin des années 70 pour le transport de charges lourdes et volumineuses. Il fut même considéré un temps comme un possible complément au Guppy d'Airbus, mais l'idée fut rapidement abandonnée en raison du coût de l'heure de vol et du fait que la soute était juste trop petite pour accueillir les tronçons des Airbus.

Le Short "Belfast"


Après ce grand tour, alors même que la journée n'était pas terminée, j'avais fait le tour du musée, et après avoir allégé mon portefeuille à la boutique, il était temps de repartir, content d'avoir pu voir un Short Belfast et un Vickers Valiant…et d'autres appareils. Le musée n'est pas aussi vaste que celui de Duxford, mais il n'en possède pas moins une vraie richesse au niveau des appareils présentés, avec de nombreux appareils uniques qui valent le détour…je ne saurai donc que trop vous recommander d'aller y faire un tour si d'aventure vous passez par la région de Birmingham !

Un Hawker "Hunter" sur le chemin du départ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire