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jeudi 10 janvier 2013

Black Buck (3/3)

(lien vers la seconde partie)


Le 30 avril, le message tombe : go pour lancer l'opération "Black Buck", nom de code pour la mission. Les équipages sont mis en alerte, le décollage est prévu pour 23 heures le soir même. Les équipages n'ayant rien d'autre à faire partent se reposer en attendant l'heure du raid. Il est 22h30 lorsque le silence est déchiré par le hurlement d'un réacteur qui vient de se mettre en marche, suivi d'un autre et encore d'un autre. Bientôt c'est un véritable ballet qui commence : 12 ravitailleurs et deux Vulcans se mettent en route pour ce qui sera le plus long raid de l'Histoire. Ils décollent les uns après les autres, avant de mettre le cap plein sud, dans le silence radio le plus total.

Le cockpit exigu du "Victor"


Quelques minutes à peine plus tard, le Vulcan qui doit effectuer le raid doit faire demi-tour : une fuite est détectée au niveau d'un hublot, qui empêche la pressurisation de la cabine. Impossible d'effectuer le raid dans ces conditions. C'est donc le Vulcan de réserve qui doit continuer. Il n'y a plus le droit à l'erreur si les équipages veulent mener le raid jusqu'au bout. C'est un incident pourtant rarissime qui vient de se produire, mais bon la loi de Murphy étant ce qu'elle est...

Les avions arrivent au premier point de ravitaillement : la moitié des aéronefs ravitaille l'autre moitié…les ravitaillements se font dans les turbulences, mais tout se passe bien. Le Vulcan est toutefois obligé de descendre de son altitude de croisière de près de 600 m pour retrouver les Victor, plus lourdement chargé. Le passage au deuxième point de ravitaillement se passe bien également.

Rapidement, les équipages des Victor se rendent compte d'un problème : le Vulcan consomme plus que prévu. A chaque ravitaillement, le bombardier réduit peu à peu l'autonomie des Victor…si le Vulcan continue à ce rythme, certains avions ne pourront tout simplement jamais rentrer jusqu'à l'île d'Ascension. La mission continue, malgré des turbulences qui rendent les opérations de ravitaillement dangereuses et épuisantes pour les équipages. Un incident sérieux arrive lors de l'avant dernier ravitaillement entre les deux derniers Victor : un des ravitailleur casse sa perche de ravitaillement. Incapable de continuer, il échange de rôle avec l'autre en lui transférant son carburant avant de retourner à la base.

Le "Vulcan" en vol
Ne reste alors que le Vulcan et un Victor, mais qui est déjà limite au niveau carburant. Le dernier ravitaillement est écourté : le Victor, donnant déjà plus que sa limite de sécurité, ne peut pas compléter le plein du Vulcan. Le Vulcan continue seul, et descend à 100 m de la surface des flots pour approcher les Falklands sous la couverture radar. Il effectue une remontée à l'approche de l'objectif pour repérer l'île au radar…au risque d'être détecté par les argentins. Heureusement, tout se passe bien, le Vulcan repère sa cible, et son antique radar de bombardement permet de larguer son chargement à l'entrée de la piste. Il est environ 3h40 du matin lorsque les 21 bombes explosent sur le runway.

La DCA ouvre immédiatement le feu, mais il est déjà trop tard : le Vulcan allume ses moteurs à pleine puissance et amorce un virage à 180°, direction l'île d'Ascension. La mission est un succès même si les hommes ne le savent pas encore. Le chemin du retour commence avec une angoisse : est-ce que les avions auront suffisamment de carburant pour rentrer ?

Plusieurs heures avant, une formation de deux Victor accompagné d'un Nimrod ont décollé plein sud pour aller à la rencontre du Vulcan. Malgré cela, il faut  préparer en urgence deux Victor pour aller au secours de deux autres Victor qui ont sacrifiés leur réserves pour permettre au Vulcan de continuer jusqu'au bout. Malgré de longues heures d'angoisses, tous les appareils reviennent au bercail sains et saufs.

Le raid à demandé 18 sorties, duré 16 heures pour le Vulcan et consommé 925 tonnes de carburant !

Retour à la base..
En terme militaire, l'impact du raid fut négligeable : une bombe est tombée sur la piste en causant un grand cratère, et un avion a été détruit. C'est peu, mais ce n'était pas le but : les argentins réalisent que les britanniques ne plaisantent pas, et que même les Falklands sont menacés. Dans les jours suivants, le gouvernement argentins prend la décision de retirer tous les appareils  des Falkalnds et de les ramener sur le continent, ce qui fera toujours moins à combattre pour la task force de la Royal Navy !

L'audace a payé, et les britanniques viennent de réaliser le plus long raid de l'histoire, qui ne sera pas surpassé avant 2004 par des bombardiers B-52 de l'US Air Force.

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